À l’intérieur des Troubles obsessionnels compulsifs (TOC)

Mercredi 9 novembre 2022 de 20h00 à 22h00

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Présentation

Les troubles obsessionnels compulsifs -TOC- sont-ils liés à un complexe d’œdipe ? À la génétique ? À un dysfonctionnement neurologique ? À l’éducation reçue ? À l’environnement ? Sont-ils situés à l’intérieur du cerveau ? À l’extérieur ? Qu’est-ce que c’est que de vivre avec des TOC au quotidien ? Peut-on guérir du TOC ? Comment ?... Audrey Gonet, animatrice de groupe de parole de l’AFTOC (Association française de personnes souffrant de TOC) et Margot Morgiève, psychologue et chercheuse en sciences sociales à l’Inserm (Cermes3), interviendront à deux voix pour tenter de répondre à ces questions.

Intervenants

Mme Margot Morgiève

Après avoir exercé comme psychologue clinicienne, j’ai mené des travaux en sociologie des sciences de la santé mentale, notamment lors d’une ethnographie de la production d’un traitement innovant pour le Trouble Obsessionnel Compulsif. Mon projet de recherche-action socio-anthropologique vise à
1) analyser les transformations des savoirs, des pratiques et des structures sociales induites par l’émergence des nouvelles technologies en santé mentale tout en
2) participant à la conception de tels dispositifs. En permettant d’observer et d’intervenir à tout moment en tout lieu, ces outils participent d’une révolution des conceptualisations des troubles et de leurs traitements et d'une amélioration majeure du suivi personnalisé des individus in situ. Ils peuvent transformer les manières de se penser et d’être au monde des utilisateurs et modifier les relations de pouvoir entre les acteurs d’un champ en extension (psychiatrie-santé mentale-bien-être). Mes méthodologies reposent sur une posture de participation-observante avec un accès privilégié à une science multidisciplinaire en train de se faire.

Mes principaux travaux en cours concernent 1) la conception d’une stratégie numérique de prévention du suicide en tant que coordinatrice du pôle Tchat et réseaux sociaux pour le numéro national de prévention du suicide ; 2) l’étude des représentations et des usages numériques dans le domaine de la santé mentale au niveau européen, en collaboration avec le Centre Collaborateur de l’OMS (CCOMS) : 3) la « renaissance des psychédéliques dans le champ de la psychiatrie » en collaboration avec l'Institut du Cerveau (ICM).

Mme Audrey Gonet

Je m’appelle Audrey Gonet, je vis à Reims et j’ai 40 ans. J’ai des TOC depuis l’âge de mes 10 ans environ. J’ai été suivi pendant longtemps par des psychiatres à Reims mais personne n’a jamais mis un nom sur ma maladie. A l’aube de mes 30 ans, je décide de prendre contact avec de grands spécialistes sur les TOC à Paris, car je n’ai plus de vie, je ne sors quasiment plus de chez moi et je dépéris à vue d'œil. Je commence alors une Thérapie Compormentale et cognitive (TCC) à Vincennes et pendant 5 ans, je prends de lourds traitements médicamenteux. Je fais quelques progrès mais la maladie est trop ancrée en moi, je n’ai plus des TOC mais des ROCS (Troubles Obsessionnelles Compulsifs Résistants). Je suis en arrêt maladie depuis presque 2 ans (je suis décoratrice dans une grande enseigne de bricolage) et j’en profite pour écrire un livre sur ma maladie (« Maman, ma chambre est mal rangée... l’enfer des TOC » éditions Edilivre en 2017). On me propose alors de participer à un protocole de recherche : une SCP (Stimulation Cérébrale Profonde) et j’accepte car pour moi c’est : soit cette opération du cerveau, soit j’arrête de vivre. On m’opère donc en avril 2017 et désormais je vis avec deux électrodes implantées dans mon cerveau et un éléctrostimulateur dans l’abdomen. Ma vie se transforme. Cette opération est loin d’être magique car je continue la TCC, les médicaments, les efforts au quotidien et mon combat continue chaque jour mais désormais je vis...
Je suis très engagée en tant que bénévole pour l’association AFTOC et j’anime des groupes de parole en visioconférence chaque mois pour les malades ainsi que leur proche. J’ai également lancé une pétition en ligne via change.org afin de dénoncer le peu de moyens mis en place dans le domaine de la santé pour notre maladie. J’ai également participé à plusieurs émissions de télévision afin de témoigner de l’enfer des TOC (les vidéos sont sur le site de l’AFTOC dans la partie vidéo si cela vous intéresse).